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Jamais dire jamais


Nos poules, c'est toute une saga.


D'abord une chaîne de l'amitié. Cette année, les amis qui les prenaient habituellement en stop jusqu'à Derborence ne peuvent pas monter. Nous, la tête dans les bigs bags, jonglons déjà avec nos 7 tonnes de matériel. Prêts à renoncer, nous appelons l'éleveur. Qui nous propose un plan improbable. Un rendez-vous entre amis interposés, à la jonction de leur chemin : les siens montant escorter ses vaches à l'alpage, les nôtres nous prêter main forte à l'héliportage. Le timing est parfait. Ils arrivent à temps pour transmettre le flambeau au copilote de l'hélico, qui les glissent dans la cabine, sur la banquette V.I.P.


Puis, leur blague rituelle. Après nous avoir offert quotidiennement des œufs bien dodus pour orner crêpes et röstis, plus rien. Grève générale? Manque d'inspiration ? Coup de chaud ? Non. Grisées par le parfum des fleurs de sureau en plein été, elles jouent à Pâques. Nous finissons par en retrouver toute une collection derrière une touffe d'orties.


Sans oublier leurs petites fugues. Certaines ont le caquètement buissonnier et - à force de regarder passer les randonneurs? - aiment se balader sur la terrasse. Rien de bien inquiétant : le crépuscule les remet sur le chemin de leur perchoir.


Tout l'été, de bonnes âmes s'inquiètent pour leur longévité. " Nous n'avons jamais eu de problème. Les rapaces doivent être effrayés par les drapeaux de prière, et les renards préfèrent sûrement les marmottes", répétons-nous. Mais ce matin là, Florian, réveillé avant l'aube, a un flash. Il court fermer la porte du poulailler, mais y trouve des plumes éparses… il faut croire que Monsieur Renard guettait un oubli depuis quelques nuits déjà. Une fois le gîte fermé, et avec les premiers frimas, c'est vrai qu'il se retrouve maître des lieux le soir, pendant que nous restons calfeutrés à admirer danser les flammes du fourneau. Dépité, Florian nous annonce que nous n'avons plus de poules. En réalité, il n'en manque que deux à l'appel, les autres réapparaissent leur frayeur passée. Le pire, c'est que, pas farouche pour un sou, ce gourmand nargue Florian le matin suivant, jouant à cache-cache autour du buisson, et s'attendant presque à des applaudissements après sa démonstration d'équilibriste sur le portail du poulailler !


Pour finir, adoptées pour une troisième vie, les rescapées désalpent en palanquin bricolé maison. Jusqu'à présent, c'était le gardien ou un âne qui avait joué le porteur de ces dames. Mais cette fois, leur nouvelle famille vient les chercher à domicile. Et nous ne saurons jamais ce qu'elles auront pensé de cette descente en caisse à chat !


Carine, Florian et Anaé, inquiets que le renard se souvienne du chemin l'été prochain





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